Lucien Épain, maire d'Archigny et administrateur de la laiterie de Chauvigny, provoque une réunion de 82 agriculteurs de sa commune le 30 janvier 1910 à midi.
Objet de la séance : fonder La Laiterie Coopérative d'Archigny.
À l'issue de cette réunion, certains producteurs apportent leur adhésion afin de devenir membres fondateurs de la future société et sept agriculteurs sont missionnés
pour choisir un site, procéder à son acquisition et étudier les plans d'aménagement.
Ces derniers se réunissent trois jours plus tard au moulin de Vangueil, au lieu-dit du même nom, situé sur la commune d'Archigny.
Avec sa roue à aubes hydraulique pouvant fournir la force motrice et sa fontaine l'eau nécessaire au lavage du beurre et du matériel, le site paraît convenir au projet.
Il est donc décidé d'acheter le moulin plus 1 ha et demi de pré pour l'utilisation du bief.
L'affaire est décidée à l'unanimité par 86 voix, moins une, lors de l'assemblée constitutive du 20 février 1910.
La laiterie d’Archigny prend ses fonctions.
Il faut un directeur. Paul Boisson, du village du « Peu » d'Archigny, assure ce poste dès son retour de stage effectué du 1er avril au 30 septembre 1913 à l’école de Surgères.
Siméon Forest assume la fonction de beurrier.
Fin 1929, Lucien Épain démissionne et Désiré Bruneau, jeune agriculteur de Chaumont à Archigny, prend la nouvelle présidence.
Il veut moderniser la laiterie et donner de l'importance à la coopérative.
C'est à cette période, et après ces premières années de réflexion, qu'il est décidé d'adjoindre à la production du beurre celle du fromage.
La société prospère, et, en 1931, l'idée s'installe de s'orienter vers les fabrications fromagères. Mais Vangueil n'a pas une situation géographique idéale pour la venue des ouvriers,
les voies de communication sont mauvaises, le secteur laitier s'en éloigne, se décentrant vers la vallée de la Vienne.
L'eau y devient insuffisante. Vangueil n'a plus la configuration correspondant aux besoins.
Des sites archignois soumis à sa prospection, c'est celui de Chavard, près du moulin du même nom, que l'abbé Arlot, sourcier renommé, curé d'Oradour-Fanay en Charente,
désigne comme le plus propice à l'installation d'une laiterie.
De l'eau en abondance pour les différentes activités, mais également une proximité du village pour faciliter le recrutement en main-d’œuvre,
la contiguïté de la voie départementale pour le transport, et un recentrage par rapport à la vallée de la Vienne, en font un site idéal.
Malgré quelques résistances de sociétaires le transfert de Vangueil à Chavard s'effectue le 29 juin 1934, sans que la production en soit affectée.
Le matin, le beurre et la caséine sont fabriqués à Vangueil, l'après-midi l'écrémage se fait à Chavard.
Et ce n'est qu'au cours de leur tournée que les laitiers apprennent que ce soir-là ils rentrent à Chavard et non à Vangueil.
En 1940, l'état de la coopérative d'Archigny est bon, mais la guerre éclate à nouveau. Désiré Bruneau, qui avait mené à bien tous les projets de l'entreprise,
n'est pas reconduit à la présidence, remplacé par Maurice Clerté, élu le 27 avril 1941. Malheureusement la maladie l'emporte en mars de l'année suivante.
André Penot est alors élu le 26 avril 1942 sur proposition de Désiré Bruneau.
Jeune homme inexpérimenté, il doit affronter la gestion de l'affaire et les difficultés liées à un secteur laitier coupé en deux par la ligne de démarcation.
L’autorisation de puisage d’eau dans l’Ozon de Chavard est accordée par arrêté préfectoral du 6 avril 1943.
Mais à l'horizon de 1960 il faut réfléchir à l'évolution de la technologie et des normes d'hygiène de plus en plus rigoureuses, mais aussi à la défense des agriculteurs.
En 1955, les conseils d'administration d'Archigny, de Chauvigny et de Vouillé se réunissent et, sur proposition de monsieur De Laulanie, président de Mélusine et de la Fédération Nationale des Coopératives,
naît L'Union Laitière du Haut-Poitou qui allait regrouper, dans les années soixante, neuf coopératives, chacune gardant son savoir-faire.
En 1973 la fabrication du beurre et celle du fromage sont arrêtées, le transfert de la production se faisant vers les autres coopératives du groupement.
Le fromage est remis à la laiterie de Dangé. Cette cessation de fabrication du beurre et du fromage a pour but d'installer, la même année, une chaîne pour lait UHT en briques
et une autre pour des bouteilles en plastique d'un litre. Puis on arrête la ligne des bouteilles pour installer une deuxième ligne de briques…pour fermer la laiterie en 1986.
Communal, ce bâtiment ne demande qu’à vivre…
report vers "Archigny dans la Grande-Guerre" et "Souvenirs d'Archigny 1939-1945" lien vers les Publications ------------ > ICI
Autre article sur l'historique de la laiterie par Françoise Glain ---------- > ICI
Publication de la collection Jean Dubois, des photos de la production de la laiterie, avec son aimable autorisation,