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Chez Louis Roy à la Gorlière
du 14/11/2020
par Michel MARASSE
 Histoire et Patrimoine d' Archigny - 170 articles  

Activité

   Une randonnée patrimoine était prévue le mercredi 13 août 2014 à Archigny, notre village, et nous avions préparé la visite du musée acadien, les circuits du matin et de l’après-midi, le tour commenté des petits patrimoines, la visite du moulin de Chavard et de l’ancienne laiterie, et pour terminer une visite à la Gorlière, un lieu-dit de notre commune.

   Nous avions déjà, la semaine précédente, désorganisé le périple de l’après-midi, qui devait passer un gué sur l’Ozon, car quelques pluies avaient légèrement gonflé les eaux. Mais alors là ! Comment qualifier le déluge du 12 après-midi et qui dura toute la nuit, voire une partie de la matinée du 13, avec insécurité l’après-midi ? Les chemins pour la majorité traversant les champs étaient transformés en tracés « gadouilleux » collants, la végétation à traverser était ruisselante, le temps incertain… Bref ! Comme tous les villages voisins ayant prévu des randonnées nous avons annulé, avec toutefois l’accord des participants.

   Mais, pour ne pas faire faux bond à nos hôtes qui avaient préparé leur exposition, notre association s’est rendue, comme il était prévu, à la Gorlière pour admirer les fabrications en bois créées par le maître des lieux.
Paul Roy, de son vrai prénom Louis, mais les intimes détournent parfois l’état-civil et Paul est devenu son prénom d’usage, est un petit homme qui aura 83 ans en décembre prochain. Curieux de tout, grand lecteur, amateur d’internet pour s’instruire, cet ancien agriculteur donne à ses mains l’opportunité de concevoir de magnifiques objets en bois.


   Ecoûtons-le nous conter son intérêt pour ces sculptures que nous détaillerons ensuite avec l’appui de photos.

 

   Lorsque j’étais enfant, mes parents m’envoyaient travailler chez un charron après l’école. Ils avaient certainement espoir de me voir choisir ce métier qui me plaisait, mais il y avait trop de travail à la ferme et j’y suis resté. Malgré tout j’ai toujours conservé en moi ce plaisir que me donnait le façonnage du bois.
À partir de 2002 j’ai commencé à fabriquer les figurines agricoles : chevaux, bœufs, charrettes, manège de la foire aux bestiaux, batteuse, faucheuse, moissonneuse lieuse… j’utilisais, et j’utilise toujours, un tour que j’ai moi-même fabriqué. Tout fonctionne, et à partir de 2006 j’ai travaillé le fer ce qui m’a permis d’ajouter des éléments articulé comme la herse, la barre de coupe etc.
Ma plus importante création est la reproduction du moulin de Chavard. Je m’y suis rendu plusieurs fois et j’ai pris des notes et des croquis. Et je me suis mis au travail pendant un an et demi. Tout fonctionne à l’intérieur, la meule écrase le blé, les déversoirs envoie la farine dans les trémies, les sacs de jute sont remplis et montés par la poulie… et la roue à aube, derrière le moulin, déverse son eau.
J’ai dû, au fil de toutes ces années, fabriquer environ 500 pièces, petites et plus importantes. Le bois utilisé est principalement le tilleul. J’avais une grosse bille de tilleul que j’avais fait débiter. Pendant son séchage, d’une durée de 3 à 4 ans, je sculptais dans du frêne et du buis. Tous les éléments utilisés pour équiper ou animer les objets sont de la récupération que j’ai usinée si besoin, je n’ai jamais rien acheté.
J’ai fait des expositions à la demande ; cette année j’ai participé à « Jours de Vienne » fin août à la demande de la CAPC, puis à une autre animation à Availles. Il y a toujours de nombreux intéressés à notre stand pour notre plus grand plaisir.
Je suis un peu moins habile maintenant, mais j’ai besoin de créer, alors j’invente du matériel comme mes deux tailleuses de haie, l’une coupe le dessus à l’horizontal et l’autre les côtés de la haie verticalement, c’est moins fatiguant que le taille-haie traditionnel. Et il y a aussi le casse-noix, au début il marchait à la main, maintenant j’y ai ajouté un moteur…
Tant que je pourrai travailler de mes mains, je pense que je fabriquerai quelque chose !

 

   On peut être étonné de la méticulosité et des détails des objets lorsque l’on voit l’outillage employé. Le tour à bois, et à métaux par la même occasion, de fabrication maison n’est pas des plus sophistiqués, mais il est créé sur cet engin des pièces magnifiques. Les poulies de certains objets sont soit en bois, soit en plastique récupéré dans d’anciennes mangeoires d’élevage et usinées. Une machine a également été conçue pour arrondir le métal.


Faisons ensemble un petit tour sur l’étal de présentation.

 

   l est aisé de remarquer que la créativité est orientée vers ce qui fut la vie de Louis Roy : l’agriculture. Le bestiaire est composé de bœufs et chevaux de travail, les machines sont agricoles, la foire présente ses bestiaux et les moulins sont l’aboutissement du travail d’un cultivateur.

   La pièce maîtresse est la maquette au 1/10e du moulin de Chavard. Situé sur la commune d’Archigny, ce moulin, le vrai, situé sur la rivière l’Ozon, fut vendu en 1278 par Pierre de Fressineau à l’évêque de Poitiers et passa de propriétaire en propriétaire jusqu’à son arrêt en 1963. Après plusieurs visites au moulin pour faire des relevés et prendre des mesures, Louis Roy se lance dans la reconstitution de la bâtisse et de son contenu. Il en fabrique tous les éléments qui fonctionnent et le dote d’une façade démontable.

 

La maquette du moulin de Chavard : la façade, l’intérieur et la roue à aubes.

Les engins agricoles sont tout aussi perfectionnés et fonctionnent.

 

La moissonneuse-lieuse tractée par chevaux autrefois, et son rabatteur.


 

La batteuse et le manège présentant la foire aux bestiaux.   La herse à droite

 

 

La charrette fourragère devant le tombereau .       La roulotte à droite







Carrioles et attelages divers



Vues d’ensemble de l’exposition située sous un hangar.

 

Le rouleau, et la faucheuse… devant un autre moulin


Le tour fabriqué par Louis Roy pour le travail du bois et du métal



La machine, fabrication maison, pour rouler le métal

 

Louis Roy installant le moulin de Chavard. En arrière-plan les deux tailleuses de haie (tailles verticale et horizontale)… et ça marche !




Des visiteurs fort intéressés par les explications du maître.


   Nous remercions Louis Roy et son épouse Bernadette de leur accueil et nous leur souhaitons de nombreux visiteurs aussi intéressés que nous par ces objets fabriqués avec passion.
Bonne continuation monsieur Roy !


Françoise Glain
23/09/2014

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