Classerons-nous cette aventure dans Histoire ou dans Patrimoine ? Peut-être dans les faits divers…
Lundi 4 mai. Du vent assez fort mais le temps s’est éclairci. C’est bientôt l’heure d’aller nourrir les chevaux et nous sommes dehors, Didier et moi.
Soudain un son inhabituel, comme une corne, un drôle de cri d’oiseau inconnu. Didier me dit c’est Loulou qui aboie. Loulou c’est le petit Spitz de sa tante qui vient régulièrement le promener sur la route, au bout de notre chemin.
Non, c’est un cri d’oiseau.
Intrigués, nous nous approchons du portail et, au-dessus des grandes herbes de la prairie à foin, nous voyons avancer une tête emmanchée d’un long bec. Un canard ? Il faut qu’il soit grand pour dépasser les herbes hautes.
Et il arrive, se dandinant sur le chemin mais n’approche pas à moins de 50 m.
À qui est ce canard ? Il nous paraît bien gros pour un canard mais notre connaissance est telle qu’il nous est difficile de le cataloguer.
Je cours à la maison préparer du pain trempé pour essayer de l’attirer. Il ne peut pas passer la nuit dehors, le renard, qui a aussi ses droits, rode la nuit.
Canard repart en sens inverse dans une prairie destinée aux juments. Nous avons eu le temps de prendre une photo.
Il ne peut pas venir de bien loin quand même !
J’empoigne le téléphone.
-
Louisette, qui a des canards à la Forge ?
-
Personne.
Autre lieu possible, la Pascrière.
-
Éliane, as-tu un gros canard.
-
Oui, il est tout blanc et il est dans la cour.
Qui est proche ? À Boussonne,
-
Thierry, as-tu un canard ?
-
Oui, un colvert sur la mare. Mais qu’est-ce qu’il est parti faire là-bas ?
-
Je ne sais pas mais si tu veux le récupérer fais vite, il repart.
Nous jetons un coup d’œil un quart d’heure plus tard pour aider Thierry (1) à embarquer son colvert. Personne, ni l’homme ni son canard.
Le soir, un petit mail avec photo aux connaisseurs. Jean-Claude et Danielle (qui a fait l’article sur les oiseaux) m’assurent, chacun de son côté, que c’est une bernache du Canada.
Allons bon ! Une bernache !
Mardi 5 mai au matin, téléphone à Thierry.
-
Alors, ton colvert ?
-
Non, non, c’est une bernache nonette qui appartient à Petra. Je l’ai immobilisée avec ma veste et j’ai fait un peu de sport ! Je l’ai ramenée à la Forêt hier soir, Petra était contente.
Mercredi 6 mai, un mail de remerciement de la part de Petra qui me raconte l’aventure de dame (ou sieur) bernache, non pas Nonette mais du Canada.
Cette bernache du Canada avait été sauvée par Lydia Bourdeau (2) et confiée à Petra Bos qui accueille régulièrement des animaux du centre de soins.
Le volatile est sorti de son parc le 3 mai vers 15 heures. Petra l’a cherché tout l’après-midi dans les prés et les taillis. Mais impossible de le localiser et Petra devait s’absenter. Le soir, toujours pas de bernache.
Elle est arrivée chez nous, au Petit-Peu, le 4 mai vers 19 heures, et a donc passé la nuit dehors, indemne de toute agression.
Mais quel périple en si peu de temps. Partie de la Forêt, elle a dû remonter dans les champs derrière Boussonne, puis s’aventurer jusqu’au Petit-Peu pour y arriver, par la route, en klaxonant !
Elle n’avait pas encore de nom… elle s’appelle désormais : Dame- Bernache ! Car Petra a jugé que cette randonnée l’avait classée dans la cour des grandes.
Moralité ? Les joies et les amitiés de la campagne sont irremplaçables !
(1) Thierry Sacrez, producteur bio à Boussonne 86210 Archigny
Tél. 05 49 85 21 29 ou 06 33 28 82 64
(2) Lydia Bourdeau, Centre de Soins de la Faune Sauvage Poitevine (CSFSP) : Soins aux animaux sauvages blessés, malades ou orphelins. La faune sauvage de notre région est riche: oiseaux, petits et grands mammifères, nous bénéficions d'un bon nombre d'animaux avec un statut protégé et certains sont en voie de disparition. Ils sont victimes d'accidents divers (choc routier, feu, pollution, électrocution) mais aussi maladies et beaucoup de jeunes orphelins. Le centre de soins accueille ces animaux, les soigne, les réhabilite pour les réintroduire dans la nature.
En 2014, le centre a accueilli 774 animaux :
- 291 mammifères
- 473 oiseaux
- 10 tortues
Internet, tél. 06 09 85 27 98, mail : lydia.bourdeau@gmail.com
En 2014, nous avions confié à Lydia des bébés hérissons dont la mère avait disparu. Elle a essayé de les sauver, un seul a survécu et a été relâché dans un parc conçu pour l’accueil de ces petits animaux remis sur pied. Une autopsie a révélé un empoisonnement, certainement par le lait de la mère, dû à un produit anti-rongeur à propagation lente dernière génération !
Françoise Glain
08/05/2015