Nous avons commencé un travail de mémoire pour le centenaire 1914-1918. Ce travail est en partie fait, nous continuons nos recherches pour présenter au printemps 2016, à l’occasion d’une conférence/exposition, tous les documents liés aux soldats d’Archigny engagés dans cette vilaine guerre.
Une partie étant déjà disponible à la fin du premier semestre 2015, nous avons organisé, en collaboration avec le CCHA (Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives), la municipalité et les anciens combattants, un hommage à nos Poilus. Certains d’entre eux, comme dans de nombreuses communes, ne figuraient pas sur le monument aux morts. Nous avons demandé à la municipalité de choisir cette journée pour apposer une plaque redonnant à cinq enfants de la commune l’honneur qu’ils méritent. La place manquant sur le monument aux morts, deux petites plaques ont été fixées.
Le CCHA, ce jour-là, a fait, en vieilles voitures et costumes d’époque, un circuit commémoratif dans les communes de Châtellerault, Senillé, Monthoiron et a terminé sa sortie en assistant à la cérémonie d’Archigny.
Les porte-drapeaux des anciens combattants ont ouvert la marche du défilé, les enfants ont déposé la gerbe offerte par la mairie, deux personnes de la fanfare l’Indépendante de Pleumartin ont sonné le clairon. Après la sonnerie aux morts, le maire, Jean-Claude Pinneau, a demandé une minute de silence pour les soldats de 14-18. Les deux plaques ont a été découvertes.
Représentant notre association Histoire et Patrimoine d’Archigny, j’ai eu l’honneur de prendre la parole une fois pour présenter notre monument aux morts, une autre fois pour rendre hommage à nos soldats.
Notre association avait exposé dans la salle des fêtes tous les documents concernant les soldats figurant sur le monument aux morts. Ces documents ont été consultés et appréciés par de nombreux visiteurs puisqu’une centaine de personnes ont assisté à cette commémoration.
Les documents présentés étaient constitués de :
- Un classeur complet sur l’historique, la description, la symbolique de notre monument aux morts. Ce travail a été réalisé par Thierry Lenfant.
- 70 dossiers individuels, un pour chacun de nos Poilus, comprenant les éléments suivants : fiche récapitulative, fiche matricule, fiche militaire « Mémoire des Hommes », notification de décès, acte de naissance, acte de mariage, actes de naissance des enfants. Ce travail a été réalisé par Françoise Glain.
- Un classeur reprenant l’historique des 45 régiments concernant nos Poilus. Ce travail a été réalisé par Françoise Glain.
- Un dossier contenant une copie des livres d’or concernant chaque soldat figurant sur le monument. Ce travail a été réalisé par Françoise Glain.
La municipalité a offert le verre de l’amitié et présenté des broyés, pâtisserie chère au Poitou.
Notre photographe, Michel Marasse, étant absent, nous remercions Philippe Saint Marc d’avoir immortalisé cette journée.
Lors de notre conférence/exposition du printemps 2016, seront joints les dossiers des 348 Archinois revenus de la Grande Guerre. Le thème de la conférence portera sur un Archinois mobilisé et revenu de cette guerre : Ernest Martin.
Nous remercions tous les participants et organisateurs qui se sont joints à nous. Notre association peut être fière de cette journée de mémoire et il nous faut maintenant continuer le travail commencé.
Les textes lus au nom de notre association lors de cette commémoration sont les suivants :
Pour le monument aux morts.
Nous sommes réunis ici, devant ce monument érigé en l’honneur de tous les soldats d’Archigny morts au combat.
Dès 1919, sous la mandature de Lucien Épain, l’idée d’une plaque commémorative laisse place à l’érection d’un monument aux morts. La proposition du sculpteur Marcel Pillac, de Châtellerault, est retenue et terminée en 1920 sous la mandature de Charles Clerté.
Cet obélisque en pierre de Lavoux était entouré, initialement, d’une murette surmontée d’une grille fermée par un portillon. Seules les personnes officiellement habilitées avaient le droit d’y pénétrer pour déposer des gerbes. Aujourd’hui il est ouvert mais n’en garde pas moins sa fonction de rassemblement autour du souvenir de ceux qui ne reviendront plus.
Comme le voulait l’usage, son coq était orienté vers le nord-est pour guetter l’ennemi. En 1987 il subit des outrages et, réparé, il est replacé, par inattention, regardant vers l’ouest.
Une plaque commémorative que l’on suppose offerte par les familles, datée de 1918, est visible dans la chapelle de l’église ; elle comprend 30 noms de soldats. En 1919 la guerre était juste terminée et le décompte des millions de morts n’était pas achevé. Des listes, non exhaustives, étaient alors transmises aux maires.
Si lors de la construction de ce monument les noms étaient gravés directement dans la pierre, ils le sont, maintenant dans du marbre. Y manque l’inscription de six de nos soldats morts pour la France et aujourd’hui, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, la municipalité répare cette erreur en apposant une plaque portant leur nom :
Lessous Louis-Henri
Lessous Louis-Arthur
Radureau Louis
Savigny Georges
Uzereau Louis
Tranchant Ernest
Pour les soldats.
Nous passions alors d’un siècle à l’autre et le XXe siècle prenait pied dans la modernité et la technologie.
1914 s’annonçait comme une bonne année paysanne, la terre était fertile, les blés poussaient bien et les arbres avaient des fleurs prometteuses de fruits. Vous aviez fourbi vos armes : la faux, la charrue, attelé le cheval, fait chanter la forge, mis le four à chauffer pour cuire le pain…
Mais vint l’été et les nuages de la tourmente arrivèrent jusqu’ici, dans le petit village d’Archigny.
Et c’est dans la lourde chaleur du premier jour d’août que sonna le tocsin.
Au son funèbre succédèrent l’hébétude, les premières larmes, le silence.
Les affiches annonçaient déjà la mobilisation. Vous alliez partir là-bas, sur une terre de France qui vous était inconnue, munis d’armes qui n’étaient pas les vôtres.
On vous promit quelques semaines seulement de cette guerre qui allait devenir l’une des plus grandes tueries de ce monde et meurtrir tant de familles.
Il vous fallut abandonner vos parents, vos épouses pour certaines juste mariées, laissant aux femmes la responsabilité et le travail des fermes où elles se sont usées et ont vieilli trop vite, essayant de concilier un travail d’homme et l’éducation des enfants.
Ces enfants, très jeunes pour certains, à venir pour d’autres, comme pour toi Lucien Brun dont le petit Pierre est né en septembre 1914, toi Henri Cognée dont la femme a mis au monde des jumeaux en octobre 1914, toi Armand Savigny dont la petite Germaine est née le 11 novembre de cette année-là et toi Louis-Arthur Lessous qui n’a jamais vu le petit Arthur né en avril 1915.
Vous partîtes 348. Les plus jeunes d’entre vous avaient 19 ans, les plus âgés 46.
Certains sont tombés sous la mitraille allemande le mois même de la déclaration du conflit. Pour d’autres, cette longue guerre s’est arrêtée en même temps que leur vie, à quelques jours seulement de l’armistice.
Vous, dont les noms sont inscrits sur ce monument, étiez 71.
Nous sommes ici aujourd’hui pour vous rendre hommage, à vous tous, morts pour la France. Mais pour qui auriez-vous pu mourir ? Morts pour que plus aucune guerre ne touche notre pays, en vain. Hommage également à ceux revenus sans pouvoir oublier, tout au long de leur vie, les obus, les privations, la fatigue, le froid, la boue, les blessures, la douleur, la mort omniprésente... Hommage à vous hommes d’Archigny.
Françoise Glain