Avant d’aborder notre journée d’exposition il nous paraît important d’expliquer le but, pour notre association, de ce recensement commencé en début d’année 2015 sur notre commune d’Archigny.
Recensement, rappelons-le, essentiellement informatif et lié au patrimoine.
Une équipe s’est formée pour ces recherches, prise de photos et mesures, mais de nombreux adhérents se mobilisent pour prospecter et indiquer les arbres qui leur paraissent remarquables.
À la question posée qu’est-ce qu’un arbre remarquable la réponse a été : c’est un arbre que j’ai remarqué ! Cet arbre a attiré mon attention. Il ne fera peut-être pas une carrière nationale mais, sur notre commune, il peut susciter l’intérêt du promeneur. Je le signale.
Nos Objectifs :
Le paysage est élément constitutif du patrimoine esthétique et historique d’une commune. Parce qu’ils ont partagé la vie de nos ancêtres ou parce qu’ils sont le fruit d’une façon de vivre, les arbres sont des témoins précieux de notre histoire.
Valoriser les arbres les plus remarquables, c’est proposer un intérêt de plus pour l’œil des visiteurs.
Enfin, attirer l’attention n’est pas déposséder. C’est susciter l’intérêt des propriétaires et les amener à s’interroger sur la nécessité d’abattre ou de conserver, voire de multiplier, tel ou tel arbre.
Quelques critères :
La taille :
Nous notons :
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la hauteur de l’arbre, en utilisant la « croix du bûcheron » et un décamètre ;
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la circonférence de la bille, mesurée à 1.30m du sol. Le diamètre de la bille peut être alors facilement calculé ;
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l’envergure la plus grande nous a paru aussi un élément à noter ;
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l’âge estimé selon les calculs d’Alan Michell (Tous les arbres de nos forêts), tout en prenant en considération que les arbres de notre commune ont poussé, pour la majorité, entourés et non isolés.
La beauté :
C’est à la fois le critère le plus subjectif, le plus discutable et peut-être paradoxalement le plus facile. Il est souvent lié à la taille mais nous n’avons pas fui le coup de cœur.
La rareté :
Nous avons privilégié les espèces autochtones. Certaines sont en voie de disparition sous l’effet du désintérêt des hommes, ou des maladies. Quelques espèces, importées autrefois, nous ont paru mériter d’être signalées.
Les fruitiers :
Ils ont été des auxiliaires précieux de nos ancêtres. Souvent leur taille attire le regard et impressionne. La plupart du temps, ils ne sont plus cultivés parce que leurs fruits ne sont plus à la mode ou que leur bois n’est plus recherché.
L’histoire :
Nous avons rêvé d’arbre historique. La chasse reste ouverte !
Une histoire personnelle :
Si nous sommes dans le registre de la petite histoire, elle n’en est pas moins digne d’intérêt, ne serait-ce que pour aider à déterminer l’âge du sujet.
La croix du bûcheron.
Texte explicatif pour l’utilisation de la croix de bûcheron
Les deux branches de la croix sont d'égale longueur. La mesure est basée sur la proportionnalité. Lorsque, visant l'arbre, le sommet et la base de celui-ci sont superposés aux deux extrémités de la branche verticale, la distance de l'observateur au pied de l'arbre est égale à sa hauteur. Il ne reste plus qu'à mesurer cette distance.
Notre forêt ancestrale
Notre village d’Archigny était autrefois recouvert de forêt, brandes et trous d’eau. Cette terre inculte était appelée Gâtine, du latin vastare, devenu wastare, wastala, wastinia, wastina puis Gastina, autrement dit une terre gâtée et s’étendait des Deux-Sèvres au Poitou.
Elle portait également le nom de forêt de Noé (une noue est une fosse remplie d’eau) et jusqu’en 1650 ses arbres étaient encore aux portes du village. De tout temps il y eut défrichage : les Romains, les moines de l’abbaye de l’Étoile, la famille Ysoré de Pleumartin, les Acadiens avec le marquis de Pérusse des Cars… il fallait gagner pour la culture sur cette terre gaste. De nombreuses mares sculptent encore notre paysage et elles feront également l’objet d’un recensement prochain.
La déforestation s’accentua pour fournir la construction navale notamment, et façonner, au fil du temps, le paysage actuel.
Heureusement, notre commune offre encore des bois, des haies, des taillis présentant des arbres d’origine de cette forêt de Noé. Certains deviennent rares, comme les poiriers ou cerisiers qui étaient sauvages à une époque reculée.
Tous ces rescapés étaient déjà installés sur notre région depuis des millénaires et nous pouvons encore trouver les espèces suivantes :
L’alisier, l’asphodèle blanc, la bourdaine, le charme, le châtaignier, les chênes (pédonculé, sessile, pubescent), la clématite vigne blanche, le cormier, le cornouiller sanguin, l’églantier, l’épine blanche (aubépine), l’érable, le frêne, le houx, le merisier ou cerisier sauvage, le néflier, le neprun purgatif, le noyer, l’orme, le platane commun, le poirier commun, le pommier sauvage, le prunelier (notre épine noire), la ronce (nos mûres), le tilleul commun, les viornes… et nos célèbres brandes !!!
Consignation
Tous nos relevés, ainsi que les photos des arbres remarqués, sont consignés sur fiches mises en classeur par espèce. Un tableau récapitulatif y est joint.
Actuellement 36 fiches sont complétées. D’autres seront ajoutées au fil des jours.
Ces informations sont disponibles, pour toute personne intéressée, auprès de notre association.
L’exposition photos du 19 juillet 2015
Plus de cent personnes nous ont fait l’honneur de s’intéresser à notre exposition
et ont profité également de la magnifique exposition photo proposée, dans la même salle, par le club photos du Foyer Populaire d’Archigny. Des photographes de valeur, Michel Marasse, président de FPA, Danièle Marasse et Claude Oger, présentaient quelques-unes de leurs œuvres. Gros intérêt également pour les travaux d’aiguille des petites mains du club couture.
Nous avons été ravis de l’intérêt des visiteurs pour les photos, mais également de l’attention qu’ils ont portée aux arbres de notre commune. Nombreux ont découvert une partie ignorée de leur patrimoine et une vingtaine d’arbres à prospecter nous a été indiquée.
Nous avons eu notamment le signalement de deux charmes dont le propriétaire ignorait l’espèce. Ils ne figuraient pas à l’exposition mais nous joignons leur photo ici car ils sont remarquables.
Une devinette portant sur la même vue d’Archigny, photographiée de quatre lieux différents, a vivement intéressé les Archinois qui, bien que connaissant leur village, ont eu un peu de mal à répondre.
Nous avions proposé de la documentation sur la mythologie liée à quelques espèces d’arbres, puis des citations sur les arbres. La phrase la plus appréciée a été celle-ci : Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. Géronimo, chef indien de la tribu apache Bedonkohe (1829-1909).
Le poème de Pierre de Ronsard : Contre les bûcherons de la forêt de Gastine, a également retenu l’attention.
Quelques photos de l’exposition
Arbres magnifiques, témoins de notre passé, richesse de notre patrimoine, nous espérons que notre action pourra vous mettre en valeur et vous protéger.
Si vous êtes amoureux des arbres et voulez aller les admirer, merci de respecter les propriétés privées.
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Françoise Glain, 30/07/2015