Accueil

Journal
Le moulin de Chavard
du 13/11/2020
 Histoire et Patrimoine d' Archigny - 170 articles  

Patrimoine

Le premier meunier de ce moulin devait se nommer, selon les écrits que l’on peut trouver dans les cartulaires ou textes anciens : Chouard, Chaurat ou Chavart.

C’est l’usage d’une orthographe approchante, Chavard, qui fut conservé, devenant toponyme.

Malheureusement, nous trouvons actuellement la déformation Chavarre, et il est dommage, au nom du patrimoine, que l’appellation d’origine ne soit pas respectée.

D’après Beauchet-Fillaux, Pierre de Fressineau, seigneur de Fressineau, de Frayssinello, vend le moulin de Chouard d’Archigny en 1278 à l’évêché de Poitiers. Littera de covranciis factis a Petro de Fraxinayo de molendino vulgariter appellato molendinum de Chavart.

Fressineau se trouvait sur la commune d’Archigny et fut rattaché à Monthoiron en 1818.

Gautier de Bruges, évêque de Poitiers de 1278 à 1306, achète, dès la première année de son élection, une grande partie des terres d’Archigny. Étienne Bérouart, qui tient une grangia jouxtant l’aumônerie à Boutigny, sur le chemin menant au moulin, a souvent maille à partir avec l’évêque.

Il détient une rente de 7 mines de blé sur le moulin qu’il a vendu à l’évêque. Les moines de l’abbaye de l’Étoile jouissent sur le moulin de Chavard d’une rente de 16 boisseaux de mexture de moulin, mesure d’Archigny, appréciée à raison de 10 sols le boisseau, font 8 livres.

Vers 1300, Hélie Bouger et sa femme vendent leur part à l’évêque : Littera de covrancia facta ab Helia Bouger et ejus uxore in molendino d’Archignec (Reçu concernant l’achat fait par Helie Bouger et sa femme au moulin d’Archigny).

En 1309, dans le cartulaire du Grand-Gautier, nous trouvons plusieurs citations du moulin comme situation de parcelles y attenant pour la levée des rentes et autres taxes. Entre autres,

Item tient le dit Johan (de la Thalebastère) des prez qui furent jadis Eraut Cordons, sis en la rivière de l'Auzon à Archiné, entre le molin de Chaurat d'une partie et la meson Pierres Limozin d'autre, quy bien valent LX souz de rente.

Item Johan Coulars I quartau de froment tal. (sic), I chapon et III deniers sus la terre do molin Chavart, rendus à la Saint Micheau.

Item I boysseau de froment sus la terre de l'eglysse de Archinec, tenant aus vignes au Marescoz et au chemin qui vait au Molin Chavart.

C'est le fief que Symon Raos tient de monseignor l'evesque de Poyters en foy et en homage. C'est assavoir le herbergement do Brueil, tenant au chemin de Chavart.

Item une pièce de vigne au clos au Marescot, tenant à la vigne Estienvre Beroart et au chemin qui vient au molin Chavart.

Item une pièce de pré tenant au pré l'evesque et au molin Chavart.

À la fin de la guerre de Cent Ans, en 1466, l’évêque, Jean du Bellay dit Le Jeune, a l’entière propriété du moulin qu’il fait exploiter par des fermiers.

Sont mentionnés les fermiers Grelais, Bidault, Tranchant entre 1466 et 1530.

À la fin du XVIe siècle on note une dégradation du moulin qui est loué à des fermiers non meuniers,

ces derniers les sous-louant à de véritables meuniers comme Giraud et Carré.

Durant la première partie du XVIIe siècle, c’est un combat contre la ruine du moulin. Pour ce faire, l'évêque, Henri-Louis Chasteigner de La Roche Posay, loue alors directement à des meuniers : Jean Maire en 1618, Jacques Carré en 1619, Jean Ricateau en 1620.

Malgré tout, le moulin est toujours en très mauvais état et, en 1635, Mathurin Clerté, un riche fermier et marchand d’Archigny fait appel à un meunier capable de relever le moulin.

 

Photos de © Claudine Pauly

En 1642, l'évêque, toujours Chasteigner de La Roche-Posay, autorise le sieur Clerté à monter un « moulin blanc » sous la couverture existante, avec toutes les machines nécessaires, et s'engage à réparer le « moulin brun ». Le « moulin blanc » ne sera pas installé, et en 1665 le bâtiment menace toujours ruine.

Un bail de 1660 qualifie le moulin de Chavard de banal.

En 1690, on sollicite l’aide pécuniaire de Louis Guillon, marchand local. Grâce à cet argent, non seulement le moulin peut être remis en état, mais se monte également le « moulin blanc ».

Photos de © Claudine Pauly

Les meuniers exerçant au XVIIIe siècle sont Laurendeau, Thibault et Giraud. Ils firent en sorte de maintenir le moulin en état et en fonctionnement malgré les difficultés de paiement du fermage.

En 1768, l'évêque, Martial-Louis de Beaupoil de Saint-Aulaire, préfère arrenter le moulin et 10 boisselées de terre, contre 140 livres, au meunier Pierre Dubois.

La Révolution abolit les rentes. Après 1789 le moulin devient donc pleine propriété des descendants de Pierre Dubois qui l'exploitent jusqu'en 1856.

Un ouvrier meunier, Maurice Giraud, arrive à Chavard vers 1856. En 1866 il achète, à Jean Moulin, descendant de Pierre Dubois, le moulin comprenant deux jeux de meules : un pour le « moulin blanc » l’autre pour le « moulin brun ».

En 1871, Étienne Girault, fils de Maurice, reçoit le moulin en partage.

En 1886, un bâtiment attenant au moulin est construit.

En 1904, le 8 novembre, à Archigny, Marie Girault, fille d’Étienne, épouse Jules Guérin de Monthoiron.

En 1905, le moulin est surélevé d’un étage et transformé en minoterie par ajout de cylindres, avec locomobile et scierie attenante.

                               Entêtes Girault et Guérin, coll. privée

En 1919, remplacement de la roue en bois par une roue en fer

Par la suite, la famille Giraud-Guérin loue le moulin au fermier dénommé Cornoueil, puis à François.

En 1927, Monsieur Réault est minotier locataire jusqu’en 1936. À cette date lui succède André Cornoueil et ce jusqu’en 1957.

Pendant la guerre,  Fin juillet 1944, au moment du départ des Allemands, il n’y avait plus de pain dans le village. Pas longtemps, mais assez pour que l’on se décide à faucher et à battre tout de suite. Les Allemands se sauvaient sur la route. Pas très rassurés, la batteuse au milieu des champs, on a chargé les sacs de grains dans quatre charrettes tirées par huit bœufs. On a pris la direction du Moulin de Chavard en passant par les chemins de derrière jusque dans le bas de Boutigny pour rattraper la cour du moulin, surtout pour éviter les colonnes allemandes qui passaient. Par sécurité pour le blé, je suis resté sous les ormeaux, gardant deux charrettes, les deux autres sont entrées dans la cour du moulin. Les avions anglais mitraillaient les Allemands dans la côte de Chavard, à quelques centaines de mètres. Ils visaient juste ! Le meunier a demandé à mon père de m’appeler, craignant pour moi. Quand je suis arrivé dans la cour du moulin c’était plein : il y avait les quatre charrettes mais aussi un tas d’Allemands qui se cachaient pour éviter les mitraillages. Des voitures brûlaient dans la côte. Il y avait des morts… (Guy Savigny, la Croix de Justice, Archigny, 2012). [Extrait de Souvenirs d’Archigny 1939-1945 de Françoise Glain].

    

                                              Le moulin de Chavard après-guerre, CPA coll. privée

De 1957 à 1960, Jules-Étienne Guérin, fils de Jules Guérin, reprend le moulin.

En 1960, Désiré François arrive au moulin de Chavard.

         Sac de farine estampillé François, moulin de Chavard, coll. privée

Le 31 décembre 1963, le contingent de farine panifiable est vendu. C’est l’arrêt du moulin.

De cette date à 1967, la fabrication d’aliments pour le bétail continue au ralenti.

 

                                                  C’est la fin du moulin !

                                   Il n’y a plus d’activité au moulin de Chavard… coll. privée

    2001, inondation aux pieds de Chavard. Le moulin se mire dans l’eau…

 

                       2005, le moulin dort et attend d’être éveillé…

                              Le moulin de Chavard en 2005 © Claudine Pauly

 

                              2006 il neige sur Archigny…et sur le moulin ...

 

                 2008, moulin presque millénaire et arbres centenaires veillent… et attendent toujours…

 

                                                    2015, le moulin s’éveille !

                     Les bâtiments du moulin de Chavard, rénovation en 2015

Françoise Glain

 

 

                                 

Retour au journal - Retour à la page d'accueil