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Musée archéologique de Lussac les Châteaux et grottes
du 13/11/2020
 Histoire et Patrimoine d' Archigny - 170 articles  

Activité

On peut le dire, le printemps pleure énormément cette année, tant d’ailleurs qu’il fait déborder ruisseaux et rivières. Nous avions prévu de visiter le musée archéologique de Lussac-les-Châteaux et les grottes qui y sont associées, la grotte de la Marche et la grotte des Fadets.

Inondation, pas inondation ? La visite est fixée au 8 juin à 15 heures. Faudrait-il prendre les bottes, les impers ?

Et bien non ! Un soleil magnifique et une chaleur exceptionnellement estivale nous ont accompagnés tout au long de la visite. Par chance, la grotte des Fadets était accessible depuis la veille…

En attendant notre guide, Estelle, nous avons pris le temps d’apprécier l’exposition temporaire, une série de tableaux de Bernard Décourchelle.

Le groupe suit Estelle à l’étage où se trouve le musée. Charmante et compétente, elle connaît son musée et l’histoire qui l’entoure. En passant, nous admirons le décor de fenêtre en fer forgé.

Ne vous attendez pas à un immense musée avec des coins et des recoins partout ! Celui de la Sabline est constitué d’une seule pièce de quand même 360 m², très lumineuse, bien agencée et organisée. Pourquoi la Sabline nous demande Estelle avant de commencer son exposé, tout simplement parce qu’au Paléolithique cette magnifique petite fleur poussait déjà là où se trouve maintenant le musée.

Ce tout jeune musée, inauguré le 29 mai 2010, se consacre à la préhistoire locale. Il faut dire qu’elle est suffisamment riche pour être très intéressante. Une carte recense tous les sites exploités aux alentours de Lussac.

La mise en condition se fait par une représentation des couches géologiques, de l’organisation d’un foyer, de bris de poteries. Les outils des archéologues servant aux fouilles sont également exposés à proximité de cette représentation de chantier de fouille. De nombreuses vitrines au visuel aisé présentent les outils préhistoriques, des tables ludiques permettent de retrouver images d’animaux et moulage d’ossement correspondants. Il est possible de manipuler les outils de cette époque afin de se rendre compte de l’habileté de ces hommes qui nous ressemblaient, hommes grâce à qui, soit dit en passant, nous avons avancé jusqu’à notre technologie actuelle. Des maquettes, des loupes intégrées dans les vitrines, des dessins, des bornes interactives, tout est fait pour compléter les dires d’Estelle qui explique magnifiquement bien cette préhistoire.

Comme nous n’avons pas tout appris par cœur et que nous voulons quand même vous en faire profiter, nous nous permettons de reprendre ci-après la description présentant les collections sur le site de La Sabline.

« Ses collections sont constituées de milliers de pièces issues des fouilles archéologiques effectuées dans des grottes ou des abris sous roche du Lussacois et comprenant restes de faune, outils et armes en silex, objets en os et en bois animal, éléments de parure et œuvres d’art mobilier gravées sur matières osseuses et sur pierres. Les pierres gravées, découvertes notamment dans les contextes magdaléniens des grottes de La Marche et des Fadets occupées par l’homme il y a environ entre 15 000 et 14 000 ans, sont les objets phares de ses collections. Gravées de motifs géométriques, d’animaux, mais aussi et surtout de figurations humaines traitées de façon réaliste, ces pièces sont tout à fait exceptionnelles. Par leur quantité et leur qualité, ces œuvres d’art gravées sur mobilier caractérisent la spécificité de l’art préhistorique de Lussac-les-Châteaux à la période magdalénienne. »

Ces gravures sur pierres sont uniques au monde. Chose extraordinaire elles n’étaient pas représentées sur les murs, ce qui, vu la conception de la grotte de la Marche aurait été difficile, mais étaient gravées sur des pierres plates disposées en dallage, quelquefois à l’endroit, quelquefois à l’envers. Le dallage a été découvert après un déblayage de plus de 2 mètres de hauteur de la terre amassée dans la grotte au fil des millénaires. Son ouverture actuelle représente environ le quart de celle d’origine, obstruée en partie par la chute de rochers. Mais il est certain qu’elle était idéalement orientée, vers le soleil, au-dessus du ruisseau, l’idéal abri sous roche des hommes préhistoriques du Paléolithique. Elles sont présentées au rez-de-chaussée du musée et une représentation de chaque dessin est en visuel sur un écran déroulant, permettant ainsi de mieux en découvrir le graphisme.

Pour atteindre cette grotte, nous partons du musée par une porte donnant sur cour et dans laquelle sont exposés des statues, des chapiteaux de l’ancien château, ces objets ayant été donnés par les habitants de Lussac qui les avaient en leur possession depuis longtemps. À droite dans la ruelle, nous découvrons un magnifique ensemble en bois : escalier, balustre, balcon, sous-toit.

Nous contournons l’église, passons sur la ligne de chemin de fer et descendons un petit chemin entouré de verdure qui débouche sur un petit pont de bois enjambant le cours d’eau Les Grands Moulins dont le murmure de l’eau nous rafraîchit. En contrebas, d’énormes moules se sont échouées sur la rive après les inondations. Ces moules, qui filtrent, de leur vivant, les impuretés de l’eau, sont les témoins d’une eau propre.

Après les explications d’Estelle, nous descendons l’escalier qui n’existait pas il y a 14 000 ans, et marchons vers la grotte des Fadets.

Un peu de chemin à parcourir avant d’arriver sur le pont d’où nous découvrons une autre partie de l’histoire de Lussac.

Nous continuons notre chemin et nous arrêtons devant la façade de deux maisons, façades sur lesquelles sont disposées, assez haut sur les murs, prises dans la pierre, des cornes d’animaux. Estelle est fière d’elle : « qui peut dire à quoi servaient ces cornes ? ». Et c’est notre benjamin, Alex, 12 ans, qui répond sans hésiter « c’était pour faire sécher les peaux d’animaux ». Et voilà ! Nous avons l’air de quoi, franchement ? Nous sommes, bien entendu, dans l’ancien village des tanneurs.

Nous grimpons à la grotte, l’escalier de bois est entouré de verdure, et nous arrivons sur le terre-plein devant l’entrée fermée par une grille. Sur ce terre-plein nous pouvons imaginer, il y a bien longtemps, des femmes et des enfants travaillant les peaux de bêtes pendant que les hommes chassaient et pêchaient. Par mauvais temps ces travaux devaient se faire à l’intérieur de cette grande grotte à deux niveaux. La voûte est étoilée de silice. C’est dans cette grotte, dite de la Marche, qu’ont donc été découvertes les pierres gravées.

De splendides piles de pont datant du XIe, XIIe siècle, puis remaniées, trempent leur base dans un magnifique étang sur lequel voguent canards et cygnes. Ce pont, qui n’en est plus un, s’arrimait au pont levis du château dont il ne reste que l’imposante motte castrale. Là, nous apprenons qu’il n’y avait en fait qu’un château, et non plusieurs comme tend à l’indiquer l’orthographe du village. Nous avions à l’origine « Lussac lès château » donc Lussac proche du château. Avec le temps… tout change. Dans ce château, qui, vendu comme bien national, a totalement disparu après la Révolution, est née le 5 octobre 1640, Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, autrement appelée madame de Montespan, maîtresse de Louis XIV en 1667.

Et un autre long escalier à descendre nous attend… il faudra le remonter !

Nous croisons une pêcheuse (Eh si ! Il n’y a pas que les messieurs qui taquinent le goujon !) et partons à la découverte de la grotte des Fadets.

Ouverte sur l’étang, la grotte des Fadets est moins « habitable » que la précédente. Impossible de se tenir debout, sauf sur une partie d’une superficie de 2 m² environ où le plafond de roche est assez haut, mais plusieurs couloirs partent de la pièce principale. L’un d’eux a été exploré sur 20 mètres par les archéologues qui ne sont pas allés plus loin. Suite aux pluies intenses de ces derniers jours, l’eau s’infiltre entre les roches et suinte sur les parois de la grotte.

Alors, pourquoi la grotte aux Fadets ? La légende veut que des fadets habitaient la grotte et que la nuit ils volaient les enfants du village, qui n’avaient pas été sages, et les amenaient dans leur antre. Au petit matin, les enfants étaient restitués aux parents. C’est une légende… si vous voulez dormir tranquille et ne pas entendre bébé pleurer, n’y pensez pas, les fadets ne sont plus là !

Retour sous la chaleur et le soleil qui ne nous ont pas quittés de la journée. Ne prenant pas le même chemin pour rentrer au musée, nous croisons une partie, infime, de l’ancienne grange aux dîmes du château, percée d’une très belle meurtrière. Une plaque signalétique renseigne sur son origine.

Et nous voilà revenus à la Sabline. Un merveilleux après-midi ! Nous étions 15 en partant et… 15 en revenant, satisfaits de la visite, de la randonnée, du paysage, des grottes et 15 à remercier Estelle pour sa gentillesse et pour nous avoir fait partager son savoir.

N’hésitez pas, allez à la Sabline de Lussac-les-Châteaux, vous serez, comme nous, ravis du moment passé.

Pour terminer cette randonnée, deux photos du bel étang que vous ne découvrirez qu’en pénétrant dans Lussac. La même photo ? Détrompez-vous, il y avait deux photographes différents et les nuages qui se mirent dans l’eau n’ont pas tout à fait la même orientation…

Françoise Glain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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