Concilier sport et Histoire de France est possible. C’est ainsi qu’André Métais a initié et organisé la première randonnée et continue, régulièrement, à motiver au Devoir de Mémoire 39-45 tout en pédalant.
La première randonnée a eu lieu en 2013 et comprenait 6 participants adultes. Départ Chauvigny (86), destination Auschwitz (Pologne). Les étapes se faisaient dans les villes ou villages touchés gravement durant la guerre 39-45, comme Oradour-sur-Glane.
La dernière ville avant la frontière fut Obernai. Une halte au camp de concentration de Natzweiler-Struthof où Jean, le père d’André Métais, avait été interné avant d’être transféré à Dachau. Puis l’Allemagne, la Tchéquie, toujours dans des villages marqués par le régime nazi.
La deuxième randonnée, en 2014, fut moins longue. Départ Chauvigny destination la forêt de Verrières (86).
Le 3 juillet 1944, les SAS (Special Air Service) du capitaine Tonkin parachutés avec quatre jeeps à Usson-du-Poitou, sont attaqués en forêt de Verrières.
Trente d’entre eux sont capturés et fusillés en forêt de Saint-Sauvant, malgré leurs uniformes anglais.
Participaient à cette randonnée des adultes et les jeunes de l’école de VTT.
Les randonnées '' Ligne de démarcation ''
André Métais crée alors les randonnées « Ligne de démarcation ». Le but est de faire escale dans des communes traversées ou longées par la ligne de démarcation, d’y rencontrer les édiles ainsi que des témoins ayant connu cette ligne et ses obligations, ou des enfants de témoins.
L’objectif est de faire du renseignement et les témoignages sont donc consignés dans le compte-rendu d’étape chaque soir.
Les vététistes sont en situation d’époque comme « occupant espion », sont équipés d’un Ausweis et d’un laisser-passer. Ce dernier est tamponné par le maire de chaque commune étape.
Trois véhicules d’intendance suivent le groupe : transport de lits, frigos, congélateur, table de cuisson, nourriture, boisson… tout ce qu’il faut pour assurer repos et alimentation corrects aux enfants, adolescents et adultes encadrants.
En principe, chaque commune propose un lieu d’hébergement « dortoir-repas-petit déjeuner » : vestiaires de stades, granges, salles communales, salles de classe… en fonction des possibilités.
Des aides financières sont apportées pour soutenir cette importante organisation : aide de la commune de Chauvigny, de l’ONAC, du Souvenir Français, des Anciens Combattants, de l’association de Gaule Mémoire pour l’Avenir.
La « 1ère randonnée Ligne de démarcation » est organisée en 2016. Départ d’Arnéguy (64) le 1er juillet, arrivée à Chauvigny le 14 juillet après 11 étapes représentant un total de 680 km.
En cette année 2016, 7 jeunes de l’école VTT, âgés de 10 à 16 ans, participent à cette rando avec 6 encadrants.
La « 2e randonnée Ligne de démarcation » a lieu du 30 juin au 14 juillet 2018.
Pour vérifier la résistance des jeunes, une journée type étape de 71 km, avec pause repas de midi, est organisée les jours précédant l’expédition.
Deux années sont nécessaires pour préparer une randonnée et au dernier moment la logistique vérifie que tout est conforme : élaboration de chaque repas pour les deux semaines, vérification des documents médicaux (vaccinations, visite médicale avec certificat d’autorisation, contacts avec tous les maires des communes d’approvisionnement ou d’étape, tracés sur cartes, matériel d’accompagnement…). L’un des trois camions est chargé des vélos et le groupe est transporté jusqu’à la ville de départ.
La randonnée part de Pougny (01), et arrive à Chauvigny après 14 étapes représentant un parcours prévu de 770 km mais transformé en 880 km.
La modification du kilométrage est due aux chemins disparus, souvent récupérés par les agriculteurs, et des routes fermées par des grilles de propriétés, pour des chasses privées notamment.
Cette randonnée 2018 engage 18 partants : 12 jeunes de 10 à 16 ans et 6 encadrants.
Itinéraire de la randonnée Pougny-Chauvigny
L’écusson de la randonnée au dos des maillots
Prêts pour un départ
Repas réparateur Faitout familial
Mijoux, 1ère étape, avec un élu
La mémoire sauvée du feu
La ligne de démarcation
Porte-drapeaux La commune a sorti les camions militaires
Dans le Cher Prêts pour la prochaine étape
Les encadrants André Métais : réparation
Bien à droite et en ligne Ça roule !
Respect du code de la route Faux plat ?
Arrivée à Chauvigny le 14 juillet, prise d’armes chez les pompiers
Prise de parole par M. le maire de Chauvigny : félicitations et fin de la rando !
Escale à Archigny (86) le vendredi 13 juillet
Avant-dernière étape, Archigny, à 16,5 km de l’arrivée prévue le lendemain 14 juillet.
La commune d’Archigny était coupée en deux par la ligne de démarcation et les difficultés liées à cette situation étaient nombreuses.
La municipalité a donc invité des témoins directs : Claudette Savigny, épouse Audidier, qui, de 10 à 12 ans, passait des documents cachés dans son guidon de vélo ou ses chaussettes en allant ou revenant de l’école ; Camille Robin, qui habitait dans une ferme à l’entrée de Pleumartin, dont le jardin était en partie zone libre et zone occupée, et venait à l’école à Archigny, la barrière allemande l’empêchant d’aller à Pleumartin ; Marcel Cogné, dont la ferme de la Vachonnerie était située près de la barrière allemande et avait été incendiée en même temps que le village des Bouchaux ; Lucien Dubois et René Boutin qui habitaient en zone occupée à Archigny et y et allaient à l’école…
Histoire et Patrimoine d’Archigny avait proposé de présenter aux jeunes un diaporama sur des points spécifiques à cette période, ajoutant la rafle du 31 janvier 1944.
Cliquez ICI pour télécharger le diaporama
Une dizaine de personnes se sont jointes au groupe pour écouter les témoignages des « Anciens ».
Mais tous les jeunes n’ont pas entendu les récits… la fatigue, tout-à-fait compréhensible, les ayant emmenés dans les bras de Morphée !
Après cette amicale intervention, en attendant le pot de l’amitié, les jeunes se sont rendus au monument aux morts pour rendre un hommage aux soldats morts pour la France.
Puis, restaurant offert par la municipalité, et ensuite vestiaires du stade pour installer les lits. Mais comme il faisait beau et chaud, et qu’ils n’avaient pas pu le faire précédemment, ils ont été autorisés à dormir dehors, à la belle étoile !
Hommage à la stèle des Bouchaux érigée à la mémoire de Georges Poisay fusillé le 28 août 1944
Tampon et signature des laisser-passer par Jacky Roy, maire d’Archigny À droite au 1er plan, Claudette Savigny-Audidier, témoin âgée de 90 ans
Camille Robin, Marcel Cogné, Lucien Dubois et René Boutin, témoins Dur à 11 ans de rester éveillé !
Rêvent-ils de vélo ? Une belle assemblée
Hommage au monument aux morts d’Archigny (déshabillé de ses plaques en cours de peinture)
L’école de VTT des Chauvinois
Ils sont actuellement 25 jeunes en apprentissage, le mercredi et le samedi après-midi, à l’école VTT de Chauvigny.
Ils y apprennent l’entretien et la réparation d’un vélo, la cartographie, le code de la route, la vie en communauté…
L’entraînement se fait progressivement, d’abord 7 km, puis 10, puis 14, jusqu’à 28 km, en tout terrain, pour une durée de 2 h à 2 h 30.
Conférence rando 2018
Une conférence avec projection sur la « randonnée ligne de démarcation 2018 » aura lieu le 19 octobre à 20 heures, salle Charles Trénet à Chauvigny.
N’hésitez pas à aller saluer le courage de ces jeunes sportifs qui pédalent pour rappeler l’histoire !
Remerciements
Nous remercions monsieur André Métais qui organise et supervise ces randonnées et qui nous a fourni les éléments nécessaires à cet article ainsi que l’autorisation de publier des photos de cette sortie.
Merci aux jeunes vététistes d’avoir lutté contre la fatigue et le sommeil pour écouter nos souvenirs archignois. Merci à leurs accompagnants pour ce beau travail de solidarité.
Merci à la municipalité de nous avoir conviés à cette belle rencontre.
Merci aux témoins qui, malgré leur grand âge et la chaleur, se sont déplacés pour cet échange intergénérationnel.
Merci aux prêteurs d’images : Michel Marasse, Anne Métais, l’École VTT des Chauvinois
Claudette Savigny-Audidier et René Boutin allaient à l’école ensemble il y a 80 ans !
Françoise Glain
Nous rappelons nos deux ouvrages portant sur cette triste période :
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Souvenirs d’Archigny 39-45
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La Vienne et Archigny… nuit du 30 au 31 janvier 1944
Disponibles auprès de l’association : histoire-patrimoine@archigny.net ou 05 49 21 23 85