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Journée nationale de la Résistance, Archigny le 27 Mai 2019
du 29/11/2020
 Histoire et Patrimoine d' Archigny - 171 articles  

Histoire

C’est en notre commune d’Archigny que le ministère des Armées a organisé la cérémonie de la Journée nationale de la Résistance, célébrée chaque 27 mai.

Madame Augry, présidente de l’association Les Amis de la France Libre, Devoir de Mémoire 86, monsieur Baufreton, Délégué départemental de la Fondation de la France Libre

et la municipalité ont commémoré, en présence de nombreux Archignois, l’anniversaire du Conseil national de la Résistance (CNR).

Un très bel hommage militaire et civil rendu à tous ceux qui ont œuvré pour libérer la France.

Pour ouvrir cette journée de commémoration, une gerbe fut déposée à la stèle des Bouchaux, à la mémoire de Georges Poisay, exécuté le 28 août 1944 par les Allemands.

À 10 h, une messe fut célébrée en l’église Saint-Georges par le Père Michel Chambragne, prêtre de la paroisse, et par l’aumônier militaire.

Il fallut loger, dans notre église, pas moins de 70 porte-drapeaux et de nombreuses autorités.

Sur la place, les tractions et jeep étaient présentées pour rappeler une époque pas si lointaine.


les tractions ne devraient pas porter la mention FFL mais FFI

Puis, à 11 h, après que nos cloches Bernard et Rozalie ont carillonné la fin du culte, la cérémonie militaire s’est mise en place : piquet d’honneur des porte-drapeaux, délégations, élèves de l’école Maxime Lefort d’Archigny.

Jacky Roy, maire de notre commune, a narré l’Histoire de notre village occupé, puis monsieur le sous-préfet a rappelé « la contribution et l’apport incontestable de la Résistance à la libération du territoire ».

Les enfants de l’école ont appelé les noms des « Morts pour la France » de la Seconde Guerre mondiale inscrits sur le monument aux morts, puis, accompagnés par différentes autorités, dont monsieur le Délégué militaire départemental adjoint, monsieur le sénateur Bouloux, monsieur le député Clément, y ont déposé des gerbes.

Après une minute de silence, suivie de la sonnerie aux morts, les enfants de l’école primaire, dirigés par leurs enseignantes, ont récité un poème et très bien chanté la Marseillaise.

À l’occasion de cette cérémonie d’anniversaire, un panneau pédagogique commémorant le passage de la ligne de démarcation qui coupait notre commune en deux, fut posé contre le chevet extérieur de l’église.

Là n’est pas sa place, la ligne n’ayant jamais traversé le village. Nous espérons que dans un futur proche il sera déplacé sur le vrai parcours de cette ligne de démarcation.

Près de ce panneau, une jeune fille a lu la biographie de Jean Moulin, instigateur du CNR.

Notre amie Annette Cardinaux, membre actif de notre association, a brillamment interprété, a capella, le Chant des Partisans.


Après un salut de tous les porte-drapeaux par les autorités, la municipalité a invité tous les présents à se rendre au vin d’honneur servi dans la salle des fêtes.

A suivi un repas, organisé par les Amis de la France Libre, Devoir de Mémoire 86, servi dans la caserne du Centre de Première Intervention.

Notre association, Histoire et Patrimoine d’Archigny, a été sollicitée pour une intervention sur le thème de la Résistance à Archigny.

Le moment choisi fut « entre le fromage et le dessert » ! Pas facile de capter l’attention à ce moment d’un repas convivial et animé… Mais surprise, après avoir calmé quelques fourchettes indisciplinées, l’écoute fut acquise !

Il m’est donc revenu de conter l’histoire de cette période de notre village, dont vous trouverez le texte ci-après.

ALBUM

 

Intervention par HPA fin de repas cérémonie du 27 mai 2019 Archigny

 

Il y a aujourd’hui 76 ans, le 27 mai 1943 se tenait la première réunion du Conseil National de la Résistance, présidée par Jean Moulin. Une victoire obtenue de haute lutte pour rassembler mouvements de la Résistance et forces politiques derrière le nom de Charles de Gaulle.

En 1944, le CNR charge des personnalités locales et régionales de constituer un Comité départemental de Libération.

La création du CDL est l’objectif premier du Conseil National de la Résistance et s’est opérée à partir de la zone sud aux environs de Lussac-Les-Châteaux,

sous l’égide du général Chêne alias colonel Bernard, commandant les FFI de la Vienne.

Revenons au CNR. D’après Robert Chambeiron, l’un des collaborateurs de Jean Moulin, présent le 27 mai 1943,

cette réunion aura une importance politique considérable, car, dit-il : « en métropole, avant le 27 mai, il y avait des résistances ; après, il y a la Résistance ».

Nous connaissons tous les raisons qui ont déclenché les événements qui se sont succédé de 1936 à 1945 et je ne reviendrai donc pas sur ces faits.

La guerre est là, l’occupation est effective… les résistances se mettent en place rapidement pour contrer l’occupant.

Lorsque l’on parle résistance, viennent à l’esprit les personnages dont les actions ont laissé un souvenir écrit, sur le papier, dans la pierre ou le marbre,

souvent malheureusement dans celui de stèles.

Puis, l’analogie se fait avec les FFI et le maquis, dont les actions mouvementées et explosives ont marqué les esprits et sont également consultables, pour la majorité, dans les écrits.

Mais comment connaître tous ces anonymes qui ont aussi fait l’Histoire, humblement, sans bruit, sans qu’aucune archive ne les nomme, ne raconte leurs faits de résistance.

Comment, si ce n’est par un devoir de mémoire.

Comment quantifier l’importance d’un fait de résistance ? Les uns sont-ils plus ou moins importants que les autres ?

Mon sentiment est que tous, ensemble, ont aidé à libérer la France, tous maillons d’une chaîne qui ne s’est pas rompue.

Vous nous avez fait l’honneur, aujourd’hui, d’inaugurer un panneau indiquant que la ligne de démarcation passait dans notre commune.

Je pense respectueux de dire quelques mots sur cette ligne qui, dès son implantation, va compliquer le travail des résistants.

Retenons donc la date du 22 juin 1940 qui engage, par la signature d’un armistice à Rethondes, l’installation de cette ligne de démarcation.

Elle ne sera réellement supprimée que le 1er mars 1943 et les frontaliers ne détruiront les barrières, guérites et pancartes qu’en avril de la même année.

Le no man’s land redeviendra alors la terre de tous les Français.

Mais avant cette échéance, il faut subir ! Et il faudra subir après aussi !

Fait concomitant, et pour cause, la Vienne reçoit, de septembre 1939 à septembre 1940, environ 54 000 Mosellans.

À Archigny, 139 réfugiés sont accueillis. Plusieurs rejoindront la Moselle lors de la signature de l’armistice, mais nombreux sont ceux qui resteront jusqu’à la fin de la guerre.

Les juifs mosellans subiront, malheureusement, la rafle du 31 janvier 1944.

Dès septembre 1939, les réfugiés de Freistroff arrivent dans le bourg. Le premier d’entre eux est Nicolas Becker,

secrétaire de mairie, au volant de sa voiture dans laquelle il a chargé les archives de son village avant de fuir.

Arrivent ensuite par le train, dans des wagons à bestiaux, le maire, Michel Schellenbach, sa famille et les autres Freistroffois.

Des baraquements avaient été construits pour les héberger en partie, mais les Allemands, arrivés à Archigny le 23 juin 1940, y logent leurs soldats.

Les réfugiés vont alors trouver secours chez l’habitant.

Imaginons l’ambiance à la mairie du bourg, alors constituée d’une petite pièce, dans laquelle cohabitent, très difficilement, Roger Furgé, maire d’Archigny, Michel Schellenbach,

maire de Freistroff et la Kommandentur.

Les Allemands n’apprécient guère cette situation car le maire de Freistroff ne parle qu’allemand et comprend donc toutes les conversations.

En 1942 la Kommandentur de Poitiers lui demande de repartir en Moselle, ce qu’il refuse pour la sauvegarde de ses fils qui avaient l’âge d’être enrôlés dans les « malgré eux ».

Cet acte de résistance rend la famille indésirable et elle sera transférée à Lencloître, en zone libre d’où elle ne partira qu’à la fin de la guerre.

La section isolée d’Archigny est en zone libre, au lieu-dit la Croizace et est administrée par un conseiller municipal, Désiré Bruneau.

La ligne se met donc en place avec ses barrières allemandes, ses guérites, ses baraques de fouille, ses grands mâts avec drapeau allemand, ses chevaux de frise.

Les soldats qui les garde sont envoyés sur le front russe pour l’opération Barbarossa et sont remplacés, dès le 15 février 1941, par des douaniers.

D’après les témoignages recueillis, les douaniers, plus âgés, qui avaient pour la plupart vécu la Première Guerre mondiale, étaient plus appréciés que les jeunes soldats.

Les barrières allemandes voient le lieu de leur implantation modifié. À chaque barrière allemande correspond une barrière française gardée par des douaniers français.

Les barrières délimitant zone occupée et zone libre sont au nombre de 5 et situées dans les lieux suivants :

La Guérivière est ramenée à la Gorlière, au sud-ouest, route de Chauvigny.

La Brachetterie est déplacée à la Philbartière, au sud.

La Prêterie se retrouve à la Croix-de-Justice, à l’est, route de La Puye

Celle des Bouchaux, au nord, est au croisement de la Croix

Jolines, au sud-est. Cette barrière est adjointe lorsque les Allemands s’aperçoivent qu’il est aisé de rejoindre la zone libre par ce chemin.

Une autre se situe entre Archigny et Pleumartin, aux Faguets.

Étaient en zone occupée : 62 villages et le bourg

Étaient en zone libre : 71 villages

Sans règle établie, la ligne suit les carrefours, contournent les buissons, traverse les cours de fermes, les jardins, les champs…

Pour exemple, la cour de la ferme de la Justice est partagée en deux, le tas de fumier est allemand et la grange française.

À Monplaisir, proche des Bouchaux et des barbelés qui coupent la route d’accès à Pleumartin, la famille Robin mange soit des pommes de terre soit des Kartofeln,

en fonction du côté du jardin où elles sont ramassées.

À la Gorlière, il faut des Ausweis pour aller travailler les champs situés à quelques mètres de la ferme.

Tous les agriculteurs ayant habitation et terres situées dans l’une ou l’autre zone doivent présenter l’Ausweis blanc ou vert selon la distance et la fréquence de passages.

Les écoliers ne sont pas en reste. Ainsi, Guy Savigny qui habite à cette époque la Misseterie en zone libre et va à l’école en zone occupée passe librement la barrière de la Croix-de-Justice car il n’a que 6 ans.

Claudette Savigny, qui habite la Guilleterie et a 12 ans doit présenter son Ausweis vert. Nous reparlerons plus loin de cette adolescente.

Dès 1939, nombreux sont les habitants de la commune à lutter contre l’occupation et, lors de la mise en place de la ligne de démarcation, à aider les clandestins, les aviateurs, à transmettre des documents.

Nous allons donc, pour suivre le raisonnement de Robert Chambeiron, aborder « les résistances ».

Si du côté allemand un système de contrôles, surveillance et rigueur est sur pied, la résistance archignoise est très active et nombreux sont ceux qui risqueront leur vie comme passeur d’hommes, femmes et enfants, ou d’informations d’importance.

Faire passer la ligne nécessite une parfaite connaissance des patrouilles, de leurs zone de surveillance, de leurs horaires, du nombre de relèves.

Passer à couvert nécessite un terrain chevauchant les deux zones. Mais il faut surtout, impérativement, un passeur de confiance, ce qui n’est pas toujours le cas.

Voici quelques témoignages recueillis auprès de ceux qui ont vécu la ligne et qui se souviennent de toutes ces femmes et tous ces hommes qui, à leur façon, avec leurs moyens, ont repoussé l’occupation en organisant des résistances :

Guy Savigny (pas celui âgé de 6 ans dont nous avons déjà parlé, un autre Guy…), Guy Savigny donc, nous parle du laitier Le Foulon. Il habitait vers La Puye, en zone libre dit-il. Il passait quotidiennement à la barrière de la Croix-de-Justice dont la guérite était dans notre jardin. Sa carriole était tirée par sa mule, Finette. Arrivé au poste, Le Foulon descendait pour

discuter avec les douaniers et Finette continuait son chemin jusqu’en zone libre. Elle ne s’arrêtait que sur ordre de son maître. Il cachait des adultes dans le fond de la carriole, des enfants entre les gros bidons de lait, du courrier sous le collier de Finette et dans les bidons. Le Foulon distribuait régulièrement du beurre et du fromage aux douaniers.

Il n’y eut qu’un seul contrôle et ce jour-là… la carriole et les bidons étaient vides !

Guy se souvient également de Clément Boisson, des Huit-Maisons, qui, dit-il, a fait traverser pas mal de monde. On les voyait passer derrière chez nous, à La Croix-de-Justice, par la taille à la Demoiselle, et courir à travers champs pour arriver chez Boisson. Ils n’avaient pas l’air de paysans et étaient reconnaissables avec leur beau costume ! Certains se sont fait prendre à cause de leurs vêtements.

Mon père, Maurice Clerté, rapporte Suzanne, passait souvent du courrier, mais cette fois-là il avait à transmettre un courrier urgent pour une personne importante. La lettre était cachée dans sa semelle de chaussure.

Fernand Bernard, Maurice Clerté, M. Ballion et le curé Dubois avaient été arrêtés en même temps. Les trois premiers ont été libérés immédiatement mais le prêtre a été emprisonné.

Je ne saurais dire combien de personnes nous avons vues et aidées à franchir la ligne à la Gorlière : soldats français en déroute, prisonniers évadés, résistants, alliés parachutés et aussi des familles juives lourdement chargées, nous rapporte Jean Roy.

Marius Savigny se souvient qu’un homme parachuté la veille avait passé la nuit dans le grenier à Gauvin. Il avait réussi à passer la ligne à la Croix-de-Justice et était arrivé en se cachant. La famille Savigny lui avait offert un repas et il était parti à pied vers Châtellerault.

Marius a aujourd’hui 93 ans.

Le père Gilet, dit le Père la pipe, faisait passer la ligne à Jolines. Il invitait les douaniers à boire la goutte, qu’ils aimaient bien, et pendant ce temps les gens passaient en zone libre. Aussi bien des Juifs, des Français que des Anglais…

D’autres fois, comme il livrait du foin avec sa charrette aux pompes funèbres de Châtellerault, il cachait des passagers dedans et les libérait en zone libre.

Charles un douanier allemand de la Croix-de-Justice, était, d’après les témoignages recueillis, un gentil bonhomme. Ne rapportait-il pas de permission, des plants et arbustes pour le jardin de la famille Savigny !

Il habitait dans le bourg, chez le père Milot qui correspondait avec Londres par radio et faisait passer des Anglais. Charles le savait, fermait les yeux et disait « Père Milot gros filou ! ».

Alice Sarrazin recevait régulièrement du courrier à faire passer en zone libre.

Sa nièce, Claudette Savigny, dont nous avons parlé précédemment, habitait à la Guilleterie, et passait la barrière à la Croix-de-Justice chaque jour, matin et soir, pour aller et revenir de l’école du bourg.

Elle rendait quotidiennement visite à sa tante. À l’âge de 12 ans, et pendant plus d’une année, elle a transporté des courriers dans ses chaussettes, son guidon de vélo ou ses cahiers.

Elle les remettait à son père qui les transmettait ou savait quand des clandestins ou aviateurs arriveraient à la ferme pour être hébergés la nuit.

Claudette prêtait alors son lit et dormait dans la grange. Au petit matin son père attelait la jument à la charrette et emmenait ses passagers à la gare de Paizay-le-sec.

Plusieurs fois, Claudette avait dû ouvrir son sac d’école lors du passage à la barrière, les livres et cahiers étaient vérifiés. Mais heureusement, ces jours-là, aucun document n’y était glissé.

Puis un jour, le facteur a prévenu sa tante Alice : « tu devrais faire attention, tu reçois beaucoup de courrier »…

Dès lors, la jeune Claudette ne passa plus de messages. La transmission prit une autre voie.

Plus tard, Alice fera son possible pour aider les juifs mosellans lors de la rafle du 31 janvier 1944, aidée de son frère Vincent Savigny et du boucher Camille Ribreau.

Claudette a aujourd’hui 91 ans et transcrit ses souvenirs, surtout ceux de la Grande Guerre dont lui parlait son père.

Nous pourrions passer des heures à énumérer toutes ces personnes, restées anonymes pour la majorité.

Mais il nous faut également aborder les réseaux et continuer le raisonnement par « la Résistance »

Parlons du réseau « Marie-Odile » à Archigny

En juin 1940, Désiré Bruneau, exploitant agricole à Chaumont en zone libre, président de la laiterie dans le bourg et conseiller municipal, administre donc la mairie libre

dans les locaux de l’école de la Croizace.

Jeanne Cardinaux, 20 ans, y est institutrice et accepte, en octobre 1940, d’ajouter à sa mission d’enseignante celle de secrétaire de mairie.

Désiré et Jeanne fabriquent de faux papiers pour les personnes à faire passer en zone libre. Jeanne possède un laisser-passer permanent pour rentrer chez ses parents dans le bourg,

en zone occupée. Elle profite de cette opportunité pour transmettre au réseau Marie-Odile, courriers, informations verbales, puis renseignements secrets et confidentiels.

La ligne a eu malgré tout du bon puisque Jeanne épousera Georges Hurtaud le 3 août 1944 à Archigny : il était l’un des douaniers surveillant la barrière française installée à la Croizace, devant l’école-mairie libre.

En 1981, elle recevra la médaille de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance.

Le curé d’Archigny, Julien Dubois, est passeur d’hommes et de documents.

Il accompagne régulièrement Jeanne Cardinaux au couvent de La Puye où se transmettent documents et informations.

Il est arrêté le 15 octobre 1940 et emprisonné à la Pierre-Levée à Poitiers pour une durée de 3 mois.

Appartenaient à ce réseau, dès sa création en 1941, et ont assumé de nombreuses missions, les familles Bruneau et Jallais.

Mais l’humain est ainsi fait que, si certains œuvraient pour la libération de la France, d’autres dénonçaient.

Irène Bruneau, ardente patriote gaulliste, fut, sur dénonciation, arrêtée à son domicile à Chaumont, le 6 janvier 1944, ainsi que sa fille Suzanne, par les autorités allemandes.

Irène fit diversion à l’arrivée de la Gestapo pour donner le temps de fuir à son mari Désiré et ses deux fils, Charles et Jacques.

Marius Savigny, dont la sœur était mariée à Raymond Bruneau, nous a expliqué que ce jour-là, ils ont vu arriver chez eux, à la Petite Chaussée, un homme à vélo.

Il avait des moustaches et des lunettes, on ne le connaissait pas. Puis il a enlevé moustaches et lunettes : c’était Désiré.

Il venait de Chaumont car la Gestapo avait fait une descente suite à une dénonciation.

Les Allemands n’arrivaient pas à se repérer avec leur carte et s’étaient arrêtés près du pont. Ils cherchaient la maison Bruneau.

Tous les réfractaires qui se cachaient avaient eu le temps de partir. La Gestapo avait emmené Irène et Suzanne, il n’y avait plus personne à la maison, quelqu’un devait s’y rendre.

Puis il disparut, il ne fallait pas qu’il se fasse prendre et il ne fallait pas que l’on sache où il allait.

Désiré Bruneau est revenu habiter à Chaumont après la guerre.

Suzanne, âgée de 17 ans, fut internée 4 mois à la Pierre-Levée à Poitiers. Devenue Suzanne Barreau par son mariage, elle décéda en février 1990

et la presse salua la Résistante qu’elle fut.

Irène fut déportée et, après avoir séjourné dans plusieurs prisons allemandes, arriva à Ravensbrück le 5 avril 1944. Elle fut libérée le 22 avril 1945.

Furent également dénoncés à cause de leur activité de résistants :

Denise Jallais, arrêtée le 6 janvier 1944 et déportée à Ravensbrück et Mauthausen. Elle fut libérée le 22 avril 1945 et ne pesait plus alors que 35 kg.

Paul Jallais fut interné à Romainville et Compiègne, puis Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg. Il est décédé à Floha le 15 avril 1945. Son corps est resté en Allemagne.

Irène, Suzanne et Denise ont fait partie des résistants reconnus par les Alliés et se sont vu décerner un diplôme de reconnaissance par les Anglais

le 21 août 1946 à la préfecture de Poitiers.

Parlons maintenant du réseau Renard.

Il n’était pas à Archigny me direz-vous… mais !

Andrée Boisson, institutrice à Mirebeau, est originaire du Peu à Archigny et connaît très bien les bois de l’Ozon proches de sa ferme.

Pour les traverser et gagner la zone libre, il faut éviter la barrière de la Gorlière, pratiquer le sous-bois et piquer sur la Croizace. À Mirebeau,

Andrée rencontre le député-résistant Maurice Aguillon, du réseau Renard. À eux deux ils mettent au point les plans de passage par les bois de l’Ozon pour les gens du réseau.

Quelqu’un d’important devait passer, les Allemands ne faisant pas de ronde dans les bois la nuit, il fallait en profiter.

Suite au démantèlement du réseau Renard, le 30 août 1942, tous les membres sont arrêtés, dont Maurice Aguillon qui fut déporté au camp de Gross-Rosen le 18 février 1943.

Il ne revint pas.

Andrée Boisson ne faisait pas partie du réseau Renard. Simple institutrice, elle apporta, comme tant d’autres civils, son aide pour combattre l’occupant.

Dans l’obscurité et l’humilité. Et puis il y a les maquis dont certains étaient actifs dans les environs directs d’Archigny :

Lagardère, fondé par André Baudinière en octobre 1940, actif dans tout le département.

D’après le témoignage de Rolande Plault, André Baudinière, blessé, accompagné d’un autre homme, aurait été hébergé 2 jours chez elle, aux Petites-Touches à Archigny,

durant le printemps 44. Les obsèques du capitaine Lagardère eurent lieu le 27 septembre 1944 à Châtellerault.

Nous pouvons aussi citer :

Le Chouan. Henri Goyau, qui habitait la Rabauderie à Archigny et deux autres jeunes maquisards, ont été exécutés le 20 juin 1944 à Coussay-les-Bois suite à une fusillade sur une voiture allemande.

Nommons aussi :

Le groupement Gilles, des maquis Alex et Brun

Les maquis Anatole

Le maquis compagnie Automne Bretteval

Gaël

Jean

Robert

Le Trèfle

Combien d’actions ont-ils accomplies pour libérer la France !

Et c’est pour l’occupant, le début de la fin !

Début 1944 des actions punitives sont menées dans la commune :

En février au Petit-Peu et à la Poterie, ces deux villages étant situés de part et d’autre d’un lieu de passage dans les bois de l’Ozon ont été perquisitionnés sans ménagement.

En juin : perquisitions allemandes dans tout le bourg suite à l’arrivée de 18 réfugiés fuyant les bombardements de Châtellerault

En juillet : le médecin, Gabriel Pouvreau, est arrêté et interné à la cantine de l’école. Résistant à sa façon, il avait toujours refusé de mettre sa maison à la disposition des officiers allemands.

Le 11 juillet, les soldats quittent les baraquements, les troupes allemandes fuient de nuit l’avancée alliée.

Un mitraillage par des avions anglais et canadiens dans la côte de Chavard tue 7 soldats allemands.

Le 28 août c’est l’incendie des Bouchaux et l’exécution de Georges Poisay.

Le 5 septembre 1944, fin des passages des colonnes allemandes, Archigny est vide de l’occupant, Archigny est libéré.

Mais revenons aux résistants de notre commune !

Nous pourrions parler longtemps de toutes ces femmes, tous ces hommes, des enfants même, qui ont risqué leur vie pour la vie d’autres hommes, femmes et enfants et dont, souvent, nous n’avons jamais entendu parler.

Je pense que le plus bel hommage à leur rendre aujourd’hui est de les applaudir, pas moi qui ne fais que rapporter l’Histoire, mais eux qui l’ont faite.

Je vous remercie de l’attention que vous avez apportée à ce récit et vous rappelle que mes petits camarades vous attendent à Lussac pour une table ronde dont le thème est : répression et déportations.

Je vous souhaite un bon dessert !

Françoise Glain

Présidente d’Histoire et Patrimoine d’Archigny

Extraits des ouvrages, disponibles auprès de l’association :

Souvenirs d’Archigny 1939-1945, Françoise Glain, 2013

La Vienne et Archigny, nuit du 30 au 31 janvier 1944, Françoise Glain, 2017

 

Solution provisoire pour lire les 3 vidéos

Dépôts de gerbes au monument aux morts     cliquez sur ------------------>  LIEN

La Marseillaise chantée par les écoliers                          -------------------> LIEN

La plaque et chant d'Annette                                          --------------------> LIEN

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