Écrit par Jean-Claude Cardinaux, relu, corrigé et mis en page par quelques vigilantes du Collectif HPA, le livre Y m’rappelle est prêt à partir à l’impression en octobre 2022.
Devis reçu, souscription lancée et les commandes arrivent. Le tri pour envoi, remise au domicile, remise en salle étant fait et le jour de distribution étant fixé,
la salle communale est préparée pour accueillir les acheteurs de littérature.
Pour l’auteur, c’est un grand jour, celui des dédicaces et de l’échange avec chacun.
Et ils arrivent !
Ceux que l’on a vus il y a peu, qui prennent leur livre auprès du trésorier qui vérifie les commandes et les règlements, et vont, tout sourire, à la dédicace.
Et ceux que l’on n’attendait pas, les copains d’autrefois, perdus de vue mais jamais oubliés, qui avancent bras ouverts directement à la table de l’auteur.
Les accolades, embrassades sont émouvantes ! On rit fort, on a presque les larmes aux yeux, on est heureux !
Des groupes se forment, s’installent, prennent un café, des chouquettes et des chocolats et échangent avec plaisir, sur le livre, sur les enfants, les petits enfants, le temps qui passe…
L’auteur est heureux, et ça se voit !
Pour vous donner envie d’en lire davantage, voici quelques extraits de Y m’rappelle.
L’école primaire
« Et moi, j’étais amoureux de ma maîtresse, comme on peut l’être à 6 ans. Mademoiselle Auzuret ! Je la trouvais belle… et je pense qu’elle l’était.
Pourtant, il me reste un souvenir cuisant du premier jour de classe.
Il y avait alors, à la table derrière moi, une petite copine, et ravi de cette aubaine, je passais un moment agréable, retourné, à bavarder avec elle. Je n’ai rien vu venir.
Sans doute était-il interdit de discuter avec sa voisine, car j’ai reçu une belle gifle qui m’a remis en une seconde à l’endroit et enlevé pour longtemps l’envie de me retourner.
Pas de discours, pas de sommation, en tout cas pas de sommation perçue, mais 100 % d’efficacité. J’ai encore en mémoire sa grande main sur ma joue.
Je n’étais pas habitué, chez moi, à ce genre de traitement, mais pourtant, je ne lui en ai pas voulu. Allez comprendre ! »
« Tout n’était pas drôle ou glorieux, même si, avec le recul, les faits peuvent prêter à rire.
Dans notre groupe, il y avait un élève particulièrement dynamique et « en bonne santé » qui en a fait « baver » à tous les enseignants.
Je n’étais pas grand, mais lui était encore plus petit que moi et particulièrement musclé. C’était du « concentré » ! En effet, s’il n’a jamais réussi à faire deux bêtises
en même temps, ce n’était sûrement pas faute d’avoir essayé. On l’avait surnommé « Microbe » et il était aussi sympathique que virulent.
L’école n’était pas sa passion et tout était prétexte à s’amuser, au point qu’un jour notre maître, excédé, avait dû lui dire : Si tu continues, je te passe par la fenêtre !
Les propos étaient risqués, car, à cette époque-là, en matière de discipline, pour un adulte, et en particulier pour un enseignant, une promesse faite ne pouvait qu’être tenue. »
Les métives
« Ainsi disposées, les gerbes pouvaient, sans dommage, affronter les orages en attendant d’être rentrées à l’abri. Ce n’était pas un travail très difficile.
J’ai pourtant souvenir d’un après-midi particulièrement torride où le moindre effort sous un soleil de plomb était un enfer. Les bêtes pouvaient se reposer, mais les hommes
n’avaient pas le choix : il fallait y aller. Après déjeuner, pendant que les chevaux dormaient à l’ombre, au moment où le soleil était le plus violent, mon père et moi étions allés
derrière le village de la Jarrie mettre les gerbes en tas. Là, « j’ai cru en claquer ». Après chaque tas, nous nous asseyions à l’ombre du tas pour récupérer.
Peut-être mon père essayait-t-il de m’économiser, mais je crois qu’il avait, lui aussi, beaucoup de peine à travailler. »
La sépulture du petit Thouvenin
« Je revois, sur la route, ce brancard, avec ce petit cercueil blanc, porté par six hommes, un à chaque bout et deux de chaque côté, des papas qui se relayaient sur les 2 kilomètres
du chemin depuis le Petit-Peu. La famille suivait.
À Boutigny, ce sont les jeunes, ceux en âge de porter, proches des frères et sœurs du petit, qui ont pris le relais jusqu’à l’église. J’avais 12 ans, nous étions en août,
donc tous en vacances. Les autres étaient à peine plus vieux que moi. Je me souviens d’avoir souffert dans la côte de Boutigny car le brancard et le cercueil étaient assez lourds et
nous n’avions ni l’habitude de forcer, ni le cœur. »
La batterie
« Faire boire tous ceux qui ne savaient pas s’arrêter était un sport très pratiqué. Lors d’une batterie chez mon oncle, à la Godet, un fermier de la Forge, après dîner,
était bien descendu dans la vallée de l’Ozon mais n’avait jamais pu remonter chez lui 200 mètres plus loin. La pente, assez raide, avait dû aider pour la descente jusqu’à la Debalière,
mais était devenue un handicap insurmontable de l’autre côté. Il avait passé la nuit au bord de l’Ozon. Quand le froid l’eut dessoulé et qu’il put regagner son domicile, on devine
l’accueil de l’épouse au petit matin, mais aussi les rigolades et les plaisanteries toute la journée de batterie, car tout se savait. Tout cela n’était ni très méchant ni très malin.
Pendant des années, on se distrairait en racontant les exploits des uns et des autres. Peu trouveraient à redire. »
Le père Barrat
« Gust avait donc demandé de l’aide à l’un de ses petits-fils, Alain, un de mes copains d’école. Celui-ci arriva dans le Haut-Boutigny avec une remorque attelée sur son vélo et réussit,
pour lui éviter de la fatigue, à convaincre son aïeul de monter dedans. Étant donné son caractère, il est quasiment certain que Gust n’a pas dû hésiter une seconde à utiliser ce mode de
transport. Ce qui est sûr, c’est que tout se passa bien sur le plat, dans le chemin rejoignant la route. Les choses devinrent plus impressionnantes quand l’attelage attaqua la descente.
Le premier virage fut négocié à bon train. À mi-pente, la vitesse devint vertigineuse. Gust hurlait : « arrête, arrête... », mais Alain, grisé par la vitesse, et plutôt stimulé par les cris du
passager, semblait avoir oublié l’intérêt des freins et donnait, en plus, quelques coups de pédales. Dans le dernier virage, en bas de la descente, dans un vacarme fantastique, nous avons
vu passer l’équipage, « à fond la caisse », Alain hilare et Gust cramponné d’une main aux ridelles et de l’autre tenant désespérément sa casquette sur la tête. »
Nous ne vous en dirons pas plus… Mais voici le sommaire, pour vous donner quelques informations sur les sujets traités dans cet ouvrage :
Avant-propos, Mon album photos, Noël, Mon école primaire, Les métives, La sépulture du petit Thouvenin, La batterie, Le père Barrat,
Les Mardis gras, Le binage des betteraves, Maurice Dessable, Les vendanges, L’ancien lavoir de Boutigny, Le pressoir, La Génor, Quand on curait les noix
Le forgeron, Les topines, Les lieux d’aisance, Pied d’alu, Les collets aux alouettes, La croix de la Jeunesse, Le père Sage, Le Pierri, La 2 CV de Julien
L’histoire de mon ancêtre acadien, Marin Daigle, La « guerre de 14 » de mon grand-père
Archigny, le 16.12.2022
courriel contact@hp-archigny.fr