Les fortes pluies, les tempêtes, les canicules, tous ces phénomènes météorologiques qui tourneboulent la planète et nos vies ont aussi accablé nos ancêtres.
Ainsi fin mai 1882, un terrible orage s’abattit sur Châtellerault et ses environs après avoir frappé Paris. Le journal Le Rappel du 1er juin 1882 relate ainsi : Hier matin, les Parisiens ont été
réveillés par les roulements du tonnerre qu’accompagnaient une forte bourrasque et une pluie torrentielle.
Il était à peu près cinq heures quand les éclairs et la pluie ont cessé.
Cette bourrasque s’est ensuite déplacée vers le Châtelleraudais et le journaliste local poursuit : Cette nuit, nous avons eu un orage épouvantable de nord-ouest.
Il est tombé une véritable trombe d’eau. Les murs de plusieurs maisons ont été démolis par des coups de foudre, et les caves inondées. On entendait un roulement continuel du tonnerre.
En deux heures, j’ai compté 1 200 éclairs.
À peine un mois plus tard, le 24 juin 1882, le bulletin météorologique du Journal de la Vienne souligne que l’état atmosphérique en Europe est mauvais sauf au nord de la Russie.
Continuation du même temps couvert ou nuageux avec petites pluies. En fait de petites pluies, c’est à nouveau un très violent orage qui, en début de soirée, va frapper Archigny,
Pleumartin, Châtellerault et ses environs.
De vingt et une heure à vingt-trois heures, des torrents d’eau vont se déverser sur la ville et les campagnes, le tonnerre grondant fortement, faisant trembler les vitres, et les éclairs
zébrant le ciel sans discontinuer. Le Journal de la Vienne affirme que plusieurs témoins ont vu tomber, pendant ce déchaînement des éléments « une boule de feu » sur la Promenade
en face du café Amiet. Le fluide n’a laissé aucune trace de sa chute.
D’énormes grêlons sont tombés dans le canton de Pleumartin. Les récoltes ont été anéanties dans certains endroits, des vitres ont été brisées et des toitures endommagées.
Certains journaux mentionnent que les grêlons atteignaient la grosseur d’un œuf de pigeon.
Un lecteur de L’Avenir de la Vienne écrit au journal pour préciser que la commune de Pleumartin a été cruellement éprouvée par la grêle, dans la soirée du 24 juin, au moment
où une partie de la population se trouvait encore sur la place à l’occasion de notre assemblée. Les récoltes de toutes sortes qui faisaient, cette année, concevoir les plus belles
espérances, ont été détruites en moins de dix minutes. La perte est immense. Aussi la plus grande consternation règne parmi nous.
En plus des ravages causés aux récoltes, l’orage va faire une victime à Boutigny sur la commune d’Archigny.
C’est Le Courrier de la Vienne et des Deux-Sèvres qui rapporte ce dramatique événement : Les époux Guérin, de Boutigny, se trouvaient avec leur petite fille âgée de 9 ans,
dans leur appartement et se disposaient à se mettre à table, lorsque l’orage éclata. Tout à coup une détonation formidable précédée d’un éclair se fait entendre.
Toute la famille se bouche les yeux et pendant près d’un quart d’heure un silence de mort règne dans cette maison.
La petite fille se tient blottie dans un coin de l’appartement n’osant faire un mouvement ; elle n’a aucun mal. Le sieur Guérin, paralysé un quart d’heure par le fluide,
ouvre enfin les yeux et constate que sa malheureuse femme, âgée de 31 ans seulement, avait été foudroyée.
Les prévisions météorologiques n’étaient, à l’époque, pas aussi précises qu’aujourd’hui et le « principe de précaution » appliqué dans des mesures bien moindres,
répondant davantage au simple bon sens.
Quoi qu’il en soit, rien de ce qui se passa ce triste 24 juin 1882 n’aurait pu être évité. La nature est bien souvent terrible.
Sylvie BERNABÉ